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Guyse, qui étoit resté jusqu'à quatre heures du soir en son logis, en sortit à la priere du maréchal de Biron, que le Roy lui avoit envoyé pour sauver les troupes de Sa Majesté de la furie du peuple. Passant par les ruës, c'étoit à qui crieroit le plus haut : vive Gujrseï Et lui, baissant son grand chapeau, leurdit : «Mes amis, c'est « assez; messieurs, c'est trop; criez vive le Roy 1 »
Le lendemain ,1e Roy averti par la Reine sa mere de l'opiniastreté du duc de Guyse en sa résolution ; voyant d'ailleurs le peuple continuer en sa furie ; averti aussi que le comte de. Brissac et les prédicateurs qui mar-choient en teste, et ne tenoient autre langage sinon qu'il falloit aller prendre frere Henry de Vallois dans son Louvre, avoient fait armer sept ou huit cents éco­liers et trois ou quatre cents moines; et ceux qui étoient près de lui ayans sur les cinq heures du soir reçu avis par un de ses bons serviteurs, qui déguisé se coula dans le Louvre, qu'il eût à en sortir plutôt tout seul, sinon qu'il étoit perdu, sortit du Louvre à pied, tenant une baguette à la main, selon sa coutume, comme s'allant promener aux Thuilleries. U u'étoit encor sorti la porte., qu'un bourgeois, qui le jour de devant avoit sauvé le maréchal de Biron, l'avertit de sortir en diligence, pour ce que le duc de Guyse étoit aprés pour l'aller prendre avec douze cents hommes, dont étoit Boursier, capitaine de la rue Saint-Denis. Etant arrivé aux Thuilleries, étoit son écurie, il monta à cheval avec ceux de sa suite, qui eurent moyen d'y monter. Du Halde le botta; et lui mettant son épe­ron à l'envers : « C'est tout un, dit le Roy ; je ne vais « pas voir ma maîtresse, j'ai un plus long chemin à « faire. » Etant à cheval, il se retourna vers la ville, et
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